Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, estant passez par ceste ville hier et avant-hier monsieur l’evesque
2de Carpentraz et monsieur le chevalier de Vaugdemar, ilz m’ont
3laissé les deux lettres cy joinctes pour vous faire tenir, lesquelles
4je vous envoye. Vous verrez par celle de monsieur de Vogdemar
5tout ce qui se passe en Levant. De Rome, monsieur, vous verrez
6par l’aultre cy joincte tout ce qu’on m’en a escrit ces jours
7passez. Monsieur de Savoye a faict cryer par tout son estat que tous
8les huguenotz qui s’y estoient retirez eussent à vuyder dans
9troys jours, sur paine de la vie. Il a faict constituer
10prisonnier à Suze ung soliciteur de l’admiral qu’on dit avoir
11esté à Grenoble. Je ne scay quel il est. Il passa hier icy
12ung gentilhomme espagnol qui m’asseura que Janly avoit
13esté pendu, et ses compagnons, et que le duc d’Albe a levé
14le siège de devant Mons en Henault, et qu’il s’est acheminé
15au-devant du prince d’Orenge qui voulloit entrer en Flandres
16avec grandes forces, et que le duc de Brunsvic suyt
17le prince avec cinq mille reistres pour le service de sa
18majesté catholicque. Voylà tout ce que je scay, monsieur,
19qui me semble estre digne de vous. Au demeurant,
20monsieur, j’ay esté averty qu’il s’est retiré ung ministre
21[v°] en la vallée de Queyras, qui est de mon diocèse, comme
22vous pourrez aussi voir par la lettre du vischastelain dudit lyeu,
23qui faict bien de l’honneste homme à ceste heure et excuse
24bien joliement ce ministre. Si vous trouviez bon, monsieur,
25que suivant les declarations faictes par sa majesté, qu’il
26s’en saisist, qui veult qu’on garde les personnes factieuses
27et qui ont eu quelque charge parmy eulx, se seroit
28leur donner tousjours plus de crainte et empecher qu’il
29ne dogmatise, comme je suis asseuré qu’il ne s’en pourra
30garder. Il y a cinq ou six des anciens de Fressinières
31qui se veullent catholiser, et cuide qu’il y en y a plusieurs
32aultres qui vouldroient faire de mesme si ce n’estoit leur ministre
33et qu’il y a parmy eulx de ces brigans et plus seditieux qu’ilz
34craignent. Je vous avois mandé ces jours passez comme
35monsieur le conte de Tende devoit estre mort, toutesfoys,
36j’ay sceu depuis qu’il n’en est rien, mais qu’il a esté
37bien près. L’on dit que monsieur de Santal a passé oultre
38et qu’il est mort. Monsieur de Rousset m’a escrit
39une lettre que je vous envoye, par laquelle vous verrez, monsieur,
40[320] que nous sommes en quelque esperance de gaigner quelques
41uns de noz voysins de Champsaur et de La Breolle. Je prie
42Dieu qu’il nous en face la grace. Je ne vous seray
43ennuyeux de plus long discours, si ce n’est pour me
44recommander bien humblement à votre bonne grace et pryer
45Notre Seigneur qu’il vous veulle donner,
46Monsieur, en très bonne santé longue et très heureuse vie.
47D’Ambrun, le XXVme de septembre 1572,
48Votre très humble allié et serviteur
49G davanson A d’Ambrun.